Il suffit d’un geste tendre, d’un contact anodin, pour que le zona ressurgisse sans prévenir, ravivant la mémoire d’une varicelle lointaine qu’on croyait à jamais oubliée. Cette affection, tapie dans l’ombre de nos nerfs, attend patiemment son heure, prête à transformer le quotidien en véritable parcours du combattant.
Se faire vacciner, oui, mais qui est vraiment concerné ? Au-delà du simple critère de l’âge, certains profils se révèlent bien plus exposés qu’on ne le soupçonne. Distinguer le vrai du faux, identifier les situations à risque, c’est éviter de tomber dans le piège d’une fausse sécurité, et parfois, d’échapper à une douleur qui s’incruste durablement.
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Plan de l'article
Le zona, une maladie aux conséquences souvent sous-estimées
Le zona, ou herpes zoster, n’est rien d’autre que le réveil du virus varicelle-zona (VZV), hérité d’une varicelle souvent anodine durant l’enfance. Ce virus n’a jamais quitté le navire : il s’est réfugié dans nos ganglions nerveux et attend la moindre faille de notre système immunitaire pour se manifester. L’âge, une maladie ou un traitement affaiblissant l’organisme lui offrent alors un boulevard pour refaire surface.
En France, le chiffre donne le vertige : 230 000 personnes sont touchées chaque année. Le risque s’envole après 60 ans, passant à 5 à 10 cas pour 1 000 personnes, chaque année. L’éruption cutanée caractéristique, vésicules douloureuses souvent regroupées sur le thorax, le visage ou l’abdomen, s’accompagne parfois de fièvre et d’une perte de sensibilité. Mais le zona ne se limite pas à ces symptômes visibles.
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La véritable menace se cache dans ses complications, en particulier les douleurs post-zostériennes. Neuropathiques, parfois insupportables, elles persistent dans 15 % des cas, parfois pendant des mois, voire toute une vie. D’autres risques guettent : surinfection bactérienne, troubles neurologiques, paralysie faciale ou rétention urinaire. Et si le zona touche l’œil, la vision elle-même peut être compromise.
- Zones touchées en priorité : thorax, visage, abdomen, cou, dos, bas-ventre.
- Formes sévères à surveiller : zona intercostal, zona ophtalmique.
- Douleurs post-zostériennes : douleurs nerveuses persistantes, parfois invalidantes.
Le poids du zona reste largement méconnu. Non seulement il frappe fréquemment, mais ses séquelles pèsent longtemps sur la qualité de vie, transformant parfois un simple épisode dermatologique en un long calvaire.
À qui le vaccin est-il particulièrement recommandé ?
La cible prioritaire de la vaccination contre le zona ? Les personnes âgées de 65 ans et plus. Ce sont elles qui paient le prix fort, tant par la fréquence de la maladie que par la sévérité des douleurs post-zostériennes. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande systématiquement le vaccin Shingrix dans cette tranche d’âge, en raison de son efficacité supérieure à l’ancien Zostavax, désormais retiré du marché depuis juin 2024.
Mais les adultes immunodéprimés, dès 18 ans, ne sont pas en reste. Pour eux, la menace est décuplée : traitements lourds, maladies chroniques, greffe ou VIH mettent leur défense à rude épreuve. La vaccination leur offre une chance de limiter les formes sévères, notamment les atteintes neurologiques ou oculaires.
- 65 ans et plus, état de santé global indifférent
- Immunodépression dès 18 ans : greffe, cancer, VIH, traitements immunosuppresseurs
Le Shingrix, remboursé à 65 %, s’administre en deux injections espacées de deux à six mois. Même après un épisode de zona, la HAS recommande la vaccination pour éviter les récidives et limiter les séquelles. À l’heure où la population française vieillit, la stratégie vaccinale s’impose comme un rempart contre une maladie dont la fréquence ne cesse de grimper.
Critères médicaux et situations à risque : ce qu’il faut savoir
Le zona n’agit jamais par hasard. Sa réactivation s’observe quand le système immunitaire flanche, que ce soit à cause du temps qui passe ou de maladies spécifiques. Certains profils sont clairement identifiés :
- Cancers sous chimiothérapie ou radiothérapie
- Personnes vivant avec le VIH
- Transplantés d’organes ou de cellules souches
- Patients sous traitements immunosuppresseurs (polyarthrite, maladies inflammatoires, lupus, corticothérapie prolongée)
Dans ces situations, la vigilance n’est pas accessoire. Le zona commence souvent par une douleur neurologique, parfois avant même l’apparition des vésicules. Les complications, elles, peuvent s’installer durablement : douleurs post-zostériennes chez 15 % des cas, troubles de la vision pour les formes ophtalmiques, infections ou paralysies.
Un chiffre à garder en tête : chaque année, 230 000 nouveaux cas sont recensés en France, dont la majorité chez les plus de 60 ans. Les antécédents de zona ne protègent pas de la récidive, loin de là.
Se protéger efficacement : bénéfices et limites de la vaccination contre le zona
Depuis la disparition du Zostavax, le vaccin Shingrix est devenu la référence française pour contrer le zona et ses complications, en particulier les douleurs post-zostériennes. Destiné aux plus de 65 ans et aux adultes immunodéprimés à partir de 18 ans, il affiche une efficacité de près de 80 % en vie réelle.
Le protocole : deux doses espacées de deux à six mois, administrées aussi bien par votre médecin, pharmacien, infirmier ou biologiste médical. La Commission de la transparence a salué son efficacité pour réduire la fréquence et l’intensité des douleurs chroniques, véritable fléau chez les seniors.
L’accès à la vaccination est facilité : remboursement à 65 % par l’Assurance maladie, pour un prix de base de 188,37 euros. Près de 16 millions de Français pourraient en bénéficier.
- Le vaccin peut être administré le même jour que d’autres vaccins inactivés : grippe, pneumocoque, dTp, dTcaP, ou vaccin ARN contre la Covid-19.
- La protection n’est pas absolue : le zona peut encore survenir, mais les formes graves et la durée des douleurs s’estompent nettement.
Les effets secondaires signalés sont le plus souvent légers et passagers : douleur locale, fièvre de courte durée. Les réactions graves restent très rares, selon les données de surveillance.
Au fond, la question n’est plus de savoir si le zona passera par là, mais si l’on choisira de le laisser entrer sans résistance ou de lui barrer la route. Face à un adversaire aussi tenace, le choix du vaccin est un pari sur la liberté de vieillir sans chaînes invisibles.